« L’imagination féminine chez Frances Burney » par Laure Blanchemain-Faucon

Laure Blanchemain-Faucon est l’auteure du seul ouvrage universitaire sur Frances Burney en langue française. Réalisé dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’université de Toulouse, Laure Blanchemain-Faucon s’est concentrée sur la place de l’imagination féminine dans les romans de Frances Burney mais aussi dans la société et la culture anglaise du 18-19ème siècle.

 

L’imagination étant perçue comme féminine, il est difficile de distinguer durant cette période imagination masculine et imagination féminine. Cependant il est certain que c’était surtout le côté capricieux ou trompeur de cette faculté qui apparaissait comme féminin, comme le montre l’emploi effectué par Johnson, alors que l’aspect créateur n’était pas autant féminisé. On retrouve là encore la tendance à réserver les domaines de la pensée et de la création artistique aux hommes. L’imagination créatrice était considérée comme le propre de l’homme qui seuls créait des chefs-d’œuvre, alors que l’attitude des critiques envers les femmes était des plus condescendante.

 

Dans ses romans, Frances Burney traite de l’imagination, et de ses différentes représentations, au travers de ses personnages féminins. Danger, confusion, désobéissance et sensualité… Si l’imagination peut être synonyme d’illusion, elle n’est pourtant pas l’ennemi de la raison. Elle éclaire la perception du monde, de son monde, et permet avant tout la création.

Laure Blanchemain-Faucon analyse aussi l’influence de genres littéraires dans la construction de « l’imagination féminine », comme le roman gothique.

 

Pour en savoir plus

Laure Blanchemain-Faucon, L’Imagination féminine chez Frances Burney, Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, Collection « Interlangues – civilisations », 2010.

Il y a 180 ans…

Il y a 180 ans, le 6 janvier 1840, Frances Burney mourrait à Bath (Somerset, UK) à l’âge de 87 ans.

800px-Frances_d'Arblay_('Fanny_Burney')_by_Edward_Francisco_BurneyVoici l’une de ses dernières lettres, adressée à sa sœur Charlotte Broome et sa nièce Charlotte Barrett le 20 avril 1838 :

« First let me to tell you, I never more wished the very instant I had finished a Letter to aknowledge it, than I did your last – so gay, so good humoured, so putting apart all your right of complain, and all my apparent negligence, without even a hint of a reproach. – Dear, dear Sister what true sister in heart and affection ! but, in the midst of my tender feelings, I was surprized into a most unexpected burst of laughter – at the sudden appearence of the famous little old woman who did me the honnour to be sure I should be her voucher.

And now i have – happily – had a laugh, I am almost ready – like the poor little woman, to begin to cry – in owning that – for some time past, I have been in state of dejection that heavily weighs me down – and is beyond my conquest – and it is all owing to the abundance of business I have to transact that has all reference, constant reference, to all that is most dear – and most melancholy! – Where they disposed of – those myriads of hoards of MSS. I might enjoy a more tranquil resignation. I might think of my Alex without that pertubation that makes the thought of Him so tragic! because it is with abrupt recollection, that brings him with some affecting incident to my sight – And – from his living with me his whole life, every paper – every chattel I possess speaks of him. I would fain make him my theme – yet without this agony. Make it with a serenity that should only brighten remnant life by its cheerful prospect – not its inflexible regret – ! –

My dear Charlottes both – think for me, with the rest of the kind thinkers, what I had best do with the killing mass of constant recurrence to my calamity. -Shall I Burn them? – at once – or shall I, and can I, so modify a division as to spare for future times various collections that may be amusing and even instructive –

Certainly were I younger and could here wait for the examination – but that is not the case. My eyes will work at them no more ! They are to night very good – but for a fortnight past all has been obscurity ! -with what pleasure do I think of your arrival, my dearest.

I finished last night – but interruptions the whole morning have been incessant and so here goes the Letter to-morrow!

May it find you well, my dearest dears – and may I hear the same with your wonted lenity! »

Elle y aborde le souvenir douloureux de son fils, mort à l’âge de 42 ans en 1837, mais aussi le sort qui attend ses manuscrits. Alors qu’elle souhaitait les brûler, elle les donnera finalement à sa nièce Charlotte Barrett.

 

IMAGE : PORTRAIT DE FRANCES BURNEY PAR SON FRERE EDWARD FRANCIS BURNEY EN 1784-1785.

« Transcending National Identity: Paris and London in Frances Burney’s Novels », article de Marianna D’Ezio

Dans cet article, Marianna D’Ezio souligne le rôle central joué par les deux capitales européennes, Londres et Paris, dans les romans de Frances Burney. Deux villes sans cesse comparées l’une à l’autre, dont les images respectives évoluent au fil des propres expériences de Frances Burney au sein de ces dernières.

« The comparison between France and Britain, and especially that between Paris and London, has always been considered a leitmotif in Burney’s novels. »

Car si Frances Burney a vécu à Londres, y a fait de prestigieuses rencontres et y a lancé sa carrière littéraire, sa mère et son mari étaient français et elle a vécu douze années en France, notamment à Paris.

Monet-waterloo-pont-londres

Londres et Paris : deux villes qui représentent chacune à leur tour, dans les romans de Frances Burney, le passé ou le futur, la curiosité et la tentation, le danger, la pression sociale, l’ouverture d’esprit ou les préjugés, et bien d’autres choses.

Dans son dernier roman, The Wanderer (qui retrace l’histoire d’une immigrée française), Paris et Londres ne semblent finalement pas si différentes et sont présentées avant tout comme des lieux de changements et d’évolutions, voire de révolutions, notamment pour la place des femmes dans la société, une (r)évolution qu’elles ont su provoquer elles-mêmes.

Pour accéder à l’article en intégralité c’est ici : https://gerflint.fr/Base/RU-Irlande3/Ezio.pdf

IMAGE : MONET, PONT DE WATERLOO

La tombe de Frances Burney

Le saviez-vous ?

La tombe de Frances Burney se trouve dans la ville de Bath (Somerset, UK), plus précisément à St Swithin’s church Walcot. Elle est située juste à côté de la tombe du père de Jane Austen, George Austen.

IMG_20190531_123557

A son retour de France en 1814, Frances Burney s’installe avec son mari, Alexandre d’Arblay à Bath. Ce dernier meurt en 1818.

Frances Burney restera à Bath jusqu’à sa propre mort en 1840. Elle décède à l’âge de 87 ans.

Voici le message que l’on trouve sur sa pierre tombale :

« The tabletop tomb in this enclosure commemorates the novelist, playwright and diarist Frances (Fanny) Burney (1752-1840) and her son, Alexander d’Arblay (1794-1837).

Frances Burney, who wrote the novels Evelina (1778), Cecilia (1783), Camilla (1796) and The Wanderer (1814) and whose work influenced Jane Austen, visited Bath in 1767, 1780 and 1791. A plaque may be seen on 14 South Parade where she stayed in 1780 with Hester and Henry Thrale.

From 1815 to 1818 she lived at 23 Great Stanhope Street with her husband General Alexander d’ Arblay (1752-1818), who is remembered by a wall memorial inside the church. His wife and son were buried close to his grave in the mortuary chapel garden on the other side of Walcot Street. Their original grave stones having fallen into disrepair, the chest monument was erected by the Burney family in 1906, and moved to its present position by the church authorities in 1955.

This plaque was erected in 2005 by the Burney Society of Great Britain, Canada and the United States and the descendants of the Burney family. »

« Frances Burney and Female Friendship », article de Carmen Fernandez Rodriguez

Carmen Fernandez Rodriguez aborde dans cet article la question de l’amitié féminine dans les œuvres de Frances Burney, en se basant plus spécifiquement sur les romans Cecilia et The Wanderer. 

Pierre-Auguste_Renoir_-_Confidences

Elle y décrit la complexité des liens qui peuvent unir les personnages féminins de Frances Burney : entre amitié formelle, idéalisée ou réelle. Une complexité qui serait fortement influencée par les différentes contraintes sociales (classe, genre, etc.) qui pèsent sur elles.

Avec l’analyse de Cecilia et The Wanderer, Carmen Fernandez Rodriguez observe aussi une évolution dans la vision de l’amitié entre femmes de Frances Burney, qui met davantage en avant l’entraide féminine dans son dernier roman.

De la manipulation à la tendresse en passant l’entraide : Frances Burney a su dépeindre dans ses romans l’amitié féminine dans toute sa diversité.

Pour télécharger l’article (en anglais), c’est par ici 👇

Dialnet-FrancesBurneyAndFemaleFriendships-3813107 (1)

Image : Pierre-Auguste Renoir, « Confidences »

The Burney Centre

Le saviez-vous ?

Il existe un centre de recherche dédié à Frances Burney à l’université McGill (Montréal, Canada). Des archives concernant la famille Burney et venant du monde entier y sont conservées.

 

The Burney Centre a été créé en 1960 par Joyce Hemlow, l’auteure de The History of Fanny Burney (1958).  Il est aujourd’hui dirigé par Peter Sabor (The Cambridge Companion to Frances Burney, 2007).

The Burney Centre a permis, entre autres, la publication de l’intégralité des lettres et du journal de Frances Burney et des lettres et des mémoires de Charles Burney. En plus de cela, The Burney Centre collabore à la réalisation du Burney Journal, édité par The Burney Society.

En partenariat avec la bibliothèque de l’université McGill, The Burney Centre offre une bourse annuelle aux chercheurs ne vivant pas à Montréal et souhaitant accéder aux archives de la famille Burney.

Ces archives, qui sont accessibles uniquement aux chercheurs, se veulent exhaustives et comportent des photocopies de milliers de documents, notamment ceux de la collection Berg (New York Public Library).

Les membres du Burney Centre se réunissent annuellement lors de conférences, la dernière s’étant déroulée en 2017 dans la ville de Pittsburgh (Etats-Unis). Pour l’instant aucune conférence n’est prévue en 2018.

Pour plus d’informations, c’est par ici 👉 https://mcgill.ca/burneycentre/

 

 

« Le silence de la musique dans The Wanderer de Frances Burney », article de Pierre Dubois

L’article de Pierre Dubois analyse le silence du personnage de Juliet dans le roman The Wanderer, or Female Difficulties de Frances Burney.

harp-756949_960_720

« Les héroïnes de Frances Burney se réfugient souvent dans un silence volontaire qui contribue à une

définition de leur féminité : souvent contrainte de se taire dans la société d’alors, la femme s’arroge dialectiquement le pouvoir du silence pour contester la violence (masculine) de la société. Dans The Wanderer (1814), dernier roman de Burney, l’héroïne Juliet, femme errante et musicienne exceptionnelle, érige son silence en une esthétique et sa musique apparaît comme une modalité possible du silence. Par son silence verbal comme par sa musique, Juliet établit un espace pour se retrouver en elle-même. Son silence musicalisé la protège et la refonde. Dans ce long roman bavard et prolixe, « faire silence » permet d’activer un principe esthétique de contraste, de rupture et d’écart. »

Un article passionnant qui montre que le silence féminin est à la fois synonyme d’affirmation de soi, de beauté, de protection et de contestation dans les romans de Frances Burney.

 

Pierre Dubois, « Le silence de la musique dans The Wanderer de Frances Burney »XVII-XVIII, 73 | 2016, 147-158.

Sarah Harriet Burney, auteure et sœur de Frances Burney

téléchargement

Frances Burney a eu neuf frères et sœurs, parmi eux Sarah Harriet Burney qui était aussi auteure. Elle est née en 1772, soit vingt ans après Frances Burney, du second mariage de Charles Burney. Élevée jusqu’à ses trois ans par des amis de sa mère puis envoyée dans une école suisse en 1781 avec son frère Richard, Sarah Harriet Burney n’a pas vraiment grandi dans le cocon familial. Elle revient en 1783, sachant parfaitement parler l’italien et le français.

Le début de sa vie d’adulte est marqué par la maladie de ses parents, dont elle s’occupe jusqu’à leur mort. Elizabeth Allen meurt en 1796 et Charles Burney en 1814. Le caractère de son père étant difficile à supporter au quotidien, elle part du domicile familial de 1798 à 1803 pour vivre avec son frère James, tout juste séparé de sa femme. Cette période de vie commune est très mal considérée, ils sont même accusés d’inceste par certains. Une période d’autant plus dure qu’elle n’avait que très peu d’argent. Finalement, James retournera auprès de sa femme et Sarah Harriet acceptera un poste de gouvernante.  Ces événements n’ont bien évidemment pas améliorés la relation conflictuelle qu’elle avait avec son père. A la mort de ce dernier, après avoir tout de même pris soin de lui durant de nombreuses années, Sarah Harriet Burney n’a droit qu’à une maigre part d’héritage.

En 1829, Sarah Harriet Burney s’installe en Italie (entre autres parce que la vie y est moins chère), elle y restera quatre ans. Elle y rencontre notamment l’auteur Walter Savage Landor (Imaginary Conversations; 1775-1864) et l’avocat Henry Crabb Robinson (1775–1867). En 1833, elle décide de revenir à Bath. Elle y reste jusqu’en 1841 puis déménage à Cheltenham où elle meurt en 1844 (quatre ans après la mort de Frances Burney) dans une situation financière délicate.

Carrière littéraire

De 1796 à 1839, Sarah Harriet Burney, par ailleurs grande admiratrice de Sir Walter Scott et de Jane Austen, publie six romans: Clarentine (1796), Geraldine Fauconberg (1808), Traits of Nature (1812), Tales of Fancy: The Shipwreck (1816), Tales of Fancy: Country Neighbours (1820) et The Romance of Private Life: The Renunciation and The Hermitage (1839).

Ses deux premiers romans, publiés anonymement, n’ont pas le succès escompté. En revanche, son troisième roman, Traits of Nature, est bien accueilli par le public puisqu’il est réédité jusqu’en 1820. Son éditeur Henry Colburn la rémunére alors 250£. Il est même traduit en français en 1812 sous le titre Tableaux de la nature. Tout comme le premier tome des Tales of Fancy, traduit en français mais aussi en allemand et publié au Etats-Unis. Ce quatrième ouvrage lui rapporte 100£. Son dernier roman, The Romance of Private Life est lui aussi édité pour le public américain en 1840.

Malgré quelques succès, la carrière littéraire de Sarah Harriet Burney ne lui permet pas d’avoir des revenus suffisant pour vivre aisément. Cependant, ce revenu, complété par un salaire de gouvernante, ou de dame de compagnie selon la période, lui garanti son indépendance.

De nos jours, même si les œuvres de Sarah Harriet Burney sont disponibles en impression à la demande, elles restent relativement inconnues que ce soit en Angleterre, dans le reste de l’Europe ou aux Etats-Unis. Toutefois en 1997, l’intégralité de ses lettres a été regroupée en un ouvrage par Lorna J. Clark., The Letters of Sarah Harriet Burney (University of Georgia Press).

Ainsi, Sarah Harriet Burney est dans l’ombre littéraire de sa sœur Frances Burney dont le roman Evelina fait partie des classiques de la littérature anglaise de cette époque.

Ses relations avec sa sœur Frances

En octobre 1775, Sarah Harriet revient au domicile familial après avoir passée ses premières années chez des amis de sa mère, Frances confie alors son enthousiasme dans une lettre: « Little Sally is come home & is one of the most innocent, artless queer little things you ever saw, she is a very sweet, & very engaging child. » Si les deux sœurs entretiennent de bons rapports tout au long de leurs vies, il est vrai que leur grande différence d’âge ne leur a pas permis de développer une relation de complicité. En effet, lorsque Sarah Harriet n’a que six ans, Frances publie Evelina.

Au début des années 1790, une cause commune les rapproche : l’accueil des émigrés français fuyant la Révolution. En 1792, elles se retrouvent toutes les deux à Bradfield, dans une maison appartenant à leur oncle et dans laquelle les réfugiés politiques français sont les bienvenus. Lorsque Frances épouse le Général Alexandre d’Arblay (rencontré à Juniper Hall), Sarah Harriet est ravie et tente de dresser un portrait positif de ce dernier à son père, réfractaire à l’idée que sa fille se marie avec un émigré français. A contrario, lorsque Sarah Harriet part du domicile familial pour vivre avec son frère, c’est Frances qui essaye d’apaiser les rapports entre sa sœur et son père.

A sa mort, Frances, qui savait que Sarah Harriet était dans le besoin, lui lègue la somme de 1000£.

Une femme indépendante mais seule

Sarah Harriet Burney apprend la solitude dès sa plus tendre enfance. En effet, ses frères et sœurs étant bien plus âgés qu’elle (elle est devenue tante pour la première fois l’année de sa naissance), elle se retrouve la seule enfant parmi de nombreux adultes. De plus, élevée par des amis de sa mère puis envoyée dans une école en Suisse, Sarah Harriet est quelque peu mise à l’écart du clan Burney. Elle se sent différente, elle n’est pas vraiment un membre de cette famille. Ce sentiment est ressentie par plusieurs de ses héroïnes comme Adela dans Traits of Nature, abandonnée par ses parents et adoptée par une famille au sein de laquelle elle a l’impression d’être une étrangère.

Sarah Harriet doit aussi supporter la constante comparaison faîte par son père entre ses romans et ceux de sa sœur Frances, ce dernier trouvant que Sarah Harriet a un talent moindre. Par exemple, il confie dans une lettre adressée à Frances que le début de Clarentine, premier roman de Sarah Harriet, est « embarassed & incorrect ». Ainsi, elle développe un certain manque de confiance en soi qui la suivra durant toute sa carrière littéraire.

Adulte, Sarah Harriet Burney est une femme intelligente qui aime apprendre et débattre et qui n’accorde que peu d’importances aux conventions sociales. Préférant la compagnie des hommes à celles des femmes, elle n’a que peu d’amies au cours de son existence. La période la plus heureuse de sa vie, comme le suppose Lorna J. Clark, est son séjour à Rome, entourée d’Henry Crabb Robinson et de ses camarades. Ce dernier la décrit dans ses lettres comme étant joyeuse et maîtrisant l’art de la conversation. Malheureusement, ce n’est pas l’avis de sa nièce qui séjourne en Italie au même moment et qui considère que Sarah Harriet n’est pas une bonne fréquentation pour sa fille Charlotte. Elle est donc encore une fois de plus rejetée et jugée par des membres de sa famille, comme lorsqu’elle a vécu avec son frère James quelques années auparavant.

Les lettres de Sarah Harriet Burney prouvent qu’elle a eu de nombreuses relations amicales mais ces dernières n’ont jamais duré. L’une des principales raisons à cela est son manque de revenus. En effet, sa situation financière l’a empêchée d’avoir une vie sociale remplie, ses connaissances faisant partie de la haute société anglaise. Les nombreuses années passées au chevet de ses parents ont probablement aussi participé à son isolation. Ses lettres montrent à quel point elle vivait mal cette solitude non désirée.

 

    Sarah Harriet Burney était la fille de Charles Burney et la sœur de Frances Burney mais elle était aussi bien plus que cela. Elle était une écrivaine indépendante, intelligente et ouverte d’esprit.

 

Sitographie

https://en.wikipedia.org/wiki/Sarah_Burney

http://www.mcgill.ca/burneycentre/resources/sarah-harriet-burney-1772-1844

Bibliographie

CLARK Lorna J., The Letters of Sarah Harriet Burney, University of Georgia Press, Georgia, 1997.

SABOR Peter (dir.), The Cambridge Companion to Frances Burney, Cambridge, Cambridge University Press, 2007.

Une douloureuse expérience partie 3

A la suite de la lettre de France Burney, son mari, Alexandre D’Arblay rajoute ce texte:

« Non, non, mes chers et toujours plus chers amis, la tentative serait vaine. Aucun commentaire ne pourra faire sentir ce que j’ai pu éprouver durant le cours de ces sept mortelles heures. Cependant chacun de vous mes chers, chers amis, peut le deviner et même doit le savoir. Alexandre n’était pas moins inquiet mais montra plus de courage. Peut-être pourra-t-il mieux vous dépeindre, tout au moins, le tourment dont mon cœur et mon âme meurtris étaient affligés. Tout ces détails, faut-il vous l’avouer, m’étaient jusqu’à maintenant restés inconnus. Ils m’ont presque tués. Je dois remercier Dieu que cet être, plus qu’à moitié un Ange, ait eu le courage sublime de se priver du réconfort que j’eusse était susceptible de lui apporter. Elle voulait m’épargner non le partage de ses souffrances, cela eut été impossible, mais la vue d’un spectacle terrifiant et sans doute le remord de le rendre plus affreux encore car je n’aurais pu, je le crains, le supporter.

Grâce au Ciel, elle se porte étonnamment bien; son moral est bon et nous espérons vivre encore bien des jours heureux. Puisse celui de la paix arriver bientôt et me permettre d’embrasser mieux qu’avec la plume mes chers et toujours plus chers amis de la ville comme ceux de la campagne! Amen, amen! »

Et voici le rapport médical du premier aide-chirurgien du baron Larrey:

« Le 1er octobre 1811,

Madame D’arblay a subi hier à 3 heures 3/4 l’extirpation d’une tumeur cancéreuse du volume du poing et adhérente au muscle du grand pectoral et développée dans le sein droit.

L’opération faite par M. le baron Larrey, assisté du professeur Dubois & des Docteurs Moreau, Ribes, (Hérau) & Aumont, a été très douloureuse & supportée avec un grand courage.

La squirre a présenté dans son centre un commencement de dégénérescence cancéreuse; mais toutes ses racines ont été enlevées et dans aucun cas une opération aussi grave n’a offert plus d’espoir de succès.

L’extrême sensibilité de la malade a rendu très violent le spasme qui a suivi l’opération, il n’a diminué que pendant la nuit par l’emploi des potions calmantes anti-spasmodiques. De deux à trois heures du matin Madame a éprouvé quelques instants de sommeil très agité; à quatre des douleurs de têtes, des nausées et des vomissements lui ont procuré beaucoup de fatigue & de faiblesse. Ces accidents que le Dr Larrey avait indiqué comme devant terminer le spasme ont en effet été suivis de calme & de deux heures de sommeil paisible.

A dix heures la malade est étonnée du bien-être qu’elle éprouve – M. Larrey la trouve sans fièvre, la douleur est presque nulle dans la plaie, l’appareil n’offre pas même la transsudation sanguine ordinaire que l’exacte ligature des artères a empêchée. On prescrit dans la journée quelques bouillons des crèmes de riz – de la gelée de viandes.

Pour boisson, l’eau de poulet, & la décoction d’orge gommée & acidulé avec le citron alternativement. Ce soir une médecine avec la décoction de graines de lin & de têtes de pavots. »

 

     La lettre de Frances Burney est un témoignage important sur le cancer du sein et la mastectomie, il est en effet le premier (connu à ce jour) à être rédigé par une patiente, à la première personne donc. Sa lettre est par exemple citée dans des revues médicales (comme The Parmaceutical Journal ), sur des sites spécialisés à l’instar de celui de l’American Association for Cancer Research , ou dans des ouvrages portant sur l’histoire de la maladie et de son traitement. En 2010, Marilyn Yalom, universitaire américaine, publie Le Sein, une histoire (Galaade Editions) dans lequel elle aborde la question du « sein malade » et de la mastectomie, liée à celle de la représentation de la poitrine de le femme dans la société.

Frances Burney a vécu encore 29 années après cette opération, sans que le cancer ne revienne.

Une douloureuse expérience partie 2

In fine, un matin, le dernier de septembre 1811, j’étais encore couchée, M.d’A. classait des papiers destinés à son bureau quand j’ouvris une lettre de M. de Lally adressé à un journaliste; il réhabilitait la mémoire de son père à l’encontre des affirmations de Mme du Deffand. […] Je la renvoyais ensuite à son auteur par Alex comme je m’y étais engagée la veille au soir. Je me suis ensuite habillée aidée, comme à l’habitude depuis plusieurs mois, par ma femme de chambre, mon bras droit étant condamné à une totale immobilité. Cette importante occupation n’était pas achevée que l’on me remit une autre lettre, oui vraiment une autre, mais cette fois de M. Larrey. Elle m’annonçait qu’à une heure il se rendrait chez moi accompagné comme il le fallait. Il m’exhortait à me fier à sa sensibilité, à sa prudence, à sa dextérité comme à son expérience. Il me chargeait de répondre de l’absence de M.d’A. et de permettre au jeune médecin chargé de la missive d’exécuter les préparatifs nécessaires à l’opération. Lors de la consultation, on avait décidé de me l’annoncer avec seulement deux heures de préavis. Juge, mon Esther, si je lus tout cela sans sourciller! Je dus cependant déguiser mon émotion et mes intentions devant M.d’A. Le messager, […], attendait. M.d’A. se trouvait près de mon lit.  J’affectai d’être longue à lire la missive pour gagner du temps en vue de dresser mes batteries. Telle était ma terreur de voir M. d’A. impliqué dans l’inutile cruauté d’assister à ce par quoi j’allais passer , que je pus me dominer: je trouvai la force de me comporter comme s’il s’agissait d’un tiers… J’appelais Alex à mon chevet; je l’envoyai informer M. Barbier Neuville, chef de division au bureau de M. d’A., que le moment était venu: je le priai de charger par écrit M. d’A. d’une tâche urgente susceptible de le retenir jusqu’à la fin de l’opération. Sans voix, atterré, Alex s’en fut. Comme je l’appris plus tard, il dut s’asseoir en arrivant et délivra mon message en sanglotant. Par la femme de chambre je fis dire au jeune Dr Aumont que je ne pouvais être prête avant une heure de l’après-midi. Je terminai mon petit déjeuner sans grand appétit, tu le devines, en me forçant à avaler un croûton de pain. Sous divers prétexte je pressai le départ de M. d’A. A peine m’avait-il quittée qu’arriva M. Dubois. Je lui renouvelai ma requête pour 1 heure. Les autres survinrent; tout le monde consentit au délai car j’avais un appartement à préparer pour mon mari exilé. Cela et les affaires me concernant m’absorbèrent entièrement. […] Jusqu’à 1 heure j’occupai mon temps à diverses choses et à donner des ordres. 

Quand tout fut prêt, le Dr Moreau arriva en m’annonçant que M. Dubois ne pouvait être là avant 3 heures. […] L’attente allait être vraiment infernale. Je n’avais plus rien à faire, je n’avais qu’à penser. DEUX HEURES passées ainsi m’ont paru interminables. J’eusse été trop heureuse d’écrire à mon cher père, à toi, mon Esther, à Charlotte James, à Charles, à Amélie Locke, mais mon bras m’en empêchait. Je déambulai jusqu’au salon, je le vis rempli de préparatifs en vue de l’opération: je reculai pour revenir peu après. Pour quelle raison, vraiment, me déguiser ce que j’allais bientôt connaître? Cependant la vue d’une immense quantité de bandages, de compresses, d’éponges, de charpie me donna un peu la nausée. Je ne faisais qu’aller et venir jusqu’à ce que j’eusse maîtrisé toute émotion et fusse devenue par dégrès presque stupide, torpide, sans sentiment, inconsciente. Je restai de la sorte jusqu’à ce que la pendule sonnât 3 heures.

Soudain, il me sembla revenir à la vie. Je lançai un défi à mon pauvre bras car plus n’était besoin de le ménager. Je saisis ma plume, restée depuis longtemps esseulée, pour écrire quelques mots à M. d’A. et quelques autres à Alex en cas d’issue fatale. Ces cours billets, j’allais les déposer en sécurité quand des cabriolets -un, deux, trois, quatre- se succédant rapidement vinrent s’arrêter à ma porte. 

Le Dr Moreau entra rapidement dans la pièce pour voir si j’étais encore en vie. Il me fit boire un cordial au vin et se rendit au salon. Je sonnai pour la femme de chambre et les gardes mais avant même de pouvoir leur adresser la parole, la chambre sans autre préambule fut envahie par sept hommes en noir: les docteurs Larrey, Dubois, Moreau, Ribes, un élève du premier et un autre du second. L’indignation me fit en quelque sorte sortir de ma stupeur. Pourquoi étaient-ils si nombreux et sans mon autorisation? Mais je n’eu pas la force de prononcer même une syllabe. M. Dubois jouait les commandants en chef. Le Dr Larrey ne se montrait pas. M. Dubois exigea un châlit au milieu de la pièce. Étonnée, je me tournai vers le Dr Larrey: n’avait-il pas assuré qu’un fauteuil suffirait? Mais il détourna la tête sans vouloir me regarder. M. Dubois requit ensuite deux vieux matelas et un drap usagé. Je me mis à trembler violemment plus encore de dégoût , d’horreur devant ces préparatifs que de véritable peur. Une fois les choses en place à son idée, il me pria de monter sur la couche; je demeurai un instant immobile à me demander s’il ne valait pas mieux prendre brusquement la fuite. Je jetai un coup d’œil à la porte, aux fenêtres; je me sentais aux abois mais cela ne dura qu’un instant, ma raison reprit le dessus, elle finit par triompher de mon émotion et de ma terreur. Je fis appeler ma femme de chambre: elle pleurait; les deux gardes placées à l’entrée de la porte se tenaient immobiles comme frappées par la foudre: « Dites à toutes ces femmes de partir! » ‘s’écria M. Dubois. Cet ordre me fit retrouver ma voix: « Non, qu’elles restent! » m’exclamai-je. Voilà qui fit naître une petite dispute qui me réanima. Pourtant la femme de chambre et l’une des gardes s’enfuirent. Je priai l’autre de s’approcher, elle obéit. M. Dubois à présent s’essayait à communiquer ses ordres en militaire mais je lui résistai sur tout ce à quoi l’on pouvait résister. Je fus néanmoins obligée de me dépouiller de ma longue robe de chambre que j’aurais voulu garder. Ah! comme j’ai pensé alors à mes sœurs; à un moment si pénible pas une à portée pour me protéger, me conforter, veiller sur moi! Comme je regrettai alors d’avoir refusé les secours de Mmes de Maisonneuve, Chastel, des personnes enfin sur qui je pouvais compter. Mon ange au Ciel, comme j’ai pensé à elle, comme j’ai soupiré, soupiré pour mon Esther, ma Charlotte! Ma détresse, sinon mes désirs, devait être bien visible car M. Dubois se mit à parler plus doucement: « Pouvez-vous, me suis-je exclamée, ressentir ce qu’est une opération qui pour Vous doit sembler si banale? » Banale, répondit-il prenant un bout de papier et le déchirant en mille morceaux, oui… c’est peu de chose… mais » bégaya-t-il et il ne put poursuivre. Personne d’autre ne tenta de prononcer un mot mais je devins calme en voyant M. Dubois s’émouvoir tandis que le Dr Larrey se tenait toujours à l’écart. Un coup d’œil dans sa direction me permit néanmoins de constater qu’il était pâle comme un linge. Je n’avais pas à ce moment véritablement conscience d’un danger imminent mais tout me persuader qu’il rôdait autour de moi et que seule cette intervention pouvait me sauver de ses griffes. 

Sans me faire prier je montai sur la couche. M. Dubois m’allongea sur le matelas et étendit sur mon visage un mouchoir de batiste; il était néanmoins transparent; je vis à travers les sept hommes et ma garde entourer immédiatement le lit. Je refusai d’être maintenue mais quand à travers la batiste je vis briller l’acier poli du bistouri, j’ai fermé les yeux. Je ne voulais pas frémir à la vue de la terrible incision. Un profond silence s’ensuivit; il dura quelques minutes au cours desquelles tous ces gens, j’imagine, communiquaient leurs ordres et m’examinaient par signes. Combien affreuse me sembla cette attente! Je ne respirai pas; M. Dubois tenta en vain de trouver mon pouls. Enfin le Dr Larrey rompit le silence; d’une voix solennelle et mélancolique il dit: « Qui me tiendra ce sein? » Personne ne répondit du moins verbalement mais la question me fit sortir de ma torpeur et de ma passivité: je craignais que l’on imaginât mon sein entièrement infecté-crainte trop justifié- . A travers le mouchoir je vis en effet M. Dubois lever la main et décrire avec l’index une ligne droite de haut en bas au-dessus du sein puis une croix, enfin un cercle: cela signifiait que TOUT devait être enlevé. Fort émue je me dressai sur mon séant en rejetant mon voile et en réponse à la question: Qui me tiendra ce sein?, je criai: « C’est moi monsieur » et je plaçai ma main dessous. J’exposai l’origine de mes souffrances: elles procédaient d’une même point pour s’irradier dans toutes les directions. On m’écouta attentivement dans le plus grand silence. M. Dubois m’allongea de nouveau comme auparavant et comme auparavant il étendit le voile sur mon visage. Vaine échappatoire, hélas! Immédiatement je revis à travers la batiste le doigt fatal décrivant la croix et le cercle. Abandonnant alors tout espoir, toute ingérence, désespérée, capitulant devant l’inévitable, je fermai une fois encore les yeux, tristement résolue à la plus entière résignation. 

Chère Esther, chers êtres à qui tu communiques mes tristes répétitions, vous vous réjouirez de savoir que cette décision une fois prise fut inébranlablement maintenue en dépit d’une terreur au-delà de toute description et d’une douleur, véritable torture. Cependant, quand l’horrible fer s’enfonça dans mon sein, sectionnant avec la chair veines, artères et nerfs, je n’eus besoin d’aucune injonction pour me laisser aller aux cris. J’émis un hurlement qui par intermittence dura tout le temps de l’intervention. Je m’émerveille encore aujourd’hui qu’il ne résonne plus à mes oreilles tant la douleur fut atroce. Elle ne diminua pas pour autant quand la plaie fut béante et quand le bistouri en fut retiré car l’air envahissant brusquement ces parties délicates me fit l’effet d’une multitude de poignards minuscules et acérés qui labouraient les bords de la plaie. En outre je sentais l’instrument décrire un cercle opérant à contre-fil, si je puis dire, contre les tissus. Ceux-ci résistaient au point de fatiguer la main du chirurgien, l’obligeant à tenir son instrument tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre. J’ai alors bien cru expirer. Je ne fis plus l’effort de garder les yeux ouverts, je les tins hermétiquement clos, mes paupières me semblaient incrustées dans mes joues. Le bistouri fut retiré une seconde fois; je conclus à la fin de l’opération. Oh! non! L’affreux charcutage recommença pire que jamais. Il fallait extraire le fond c’est-à-dire la base de cette horrible glande en la séparant des parties auxquelles elle adhérait. Une fois de plus la souffrance dépassa toute description et cependant ce n’était pas encore fini. Je sentis oh! Ciel! le couteau crisser en raclant la côte. J’étais sans voix au supplice. J’entendis alors s’élevait la voix de M. Larrey -tous les autres observant un silence de mort- il demandait sur un ton presque tragique si quelqu’un se prononçait pour un complément d’intervention. La réponse générale fut OUI. Je sentis le doigt de M. Dubois littéralement élevé au-dessus de la plaie bien que je ne puisse rien voir et qu’il ne me touchât pas, tant l’endroit était indiciblement sensible. Il prescrivit de nouveau quelque chose et le raclage de recommencer. Après cela le Dr Morreau crut remarquer une parcelle infectée; encore et encore M. Dubois renouvela sa question parcelle après parcelle. Ma chère Esther ce n’est pas pendant des jours, pendant des semaines mais pendant des mois que je n’ai pu parler de cette affreuse affaire sans en ressentir les affres! Je ne pouvais y penser avec impunité. Une seule question à ce sujet me donnait la nausée, me rendait malade. Même aujourd’hui, neuf mois après j’attrape la migraine à en raconter l’histoire. Ce misérable récit que j’ai commencé il y a au moins trois mois, je n’ose ni le revoir ni le relire, tant il évoque de douloureux souvenirs.

Bref le mal était si profondément ancré, le cas si délicat, les précautions à prendre si nombreuses pour éviter le retour d’une tel fléau que l’opération y compris les pansements dura vingt minutes, temps à peine supportable quand on pense aux souffrances subies avec tout le courage dont j’étais capable. Malgré quoi je n’ai jamais bougé ni arrêté les praticiens, ni leur ai résisté ni parlé sauf une ou deux fois durant le pansement pour dire : « Ah! Messieurs! que je vous plains! » Oui, j’étais sensible à leur émotion, causée par ce que j’endurais bien que mes paroles fussent principalement destinées -très principalement- au Dr Larrey. A part cela, je n’ai pas prononcé une syllabe sauf quand à de nombreuses reprises ils remettaient la main à la besogne. Je m’écriais alors: « Avertissez-moi, Messieurs, avertissez-moi! » Je crois m’être évanouie au moins à deux reprises car j’ai deux lacunes de mémoire qui m’interdisent toute liaison entre ce qui s’est passé à divers moments. Lorsque tout fut terminé, je fus soulevée pour être mise au lit. Mes forces m’avaient à ce point abandonnées que l’on fut obligé de me porter; je ne pouvais lever ni les mains ni les bras; ils pendaient inertes comme si j’étais sans vie et mon visage demeura sans couleur comme me le conta plus tard la garde. Le transport me fit ouvrir les yeux. Je vis alors le bon Dr Larrey presque aussi pâle que moi; sa figure marbrée de sang exprimait la souffrance, l’appréhension et presque l’horreur.

Quand je fus au lit, M. d’A. qui devrait vous relater l’histoire de sa matinée, fut appelé à mon chevet et plus tard notre Alex.

 BURNEY Fanny, Du consulat à Waterloo, Souvenirs d’une anglaise à Paris et à Bruxelles [traduit de l’anglais par Roger Kann], Paris, José Corti, coll. « Domaine Romantique », 1992.